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Savigny au fil du temps

SAVIGNY


SON VILLAGE et SON ABBAYE

ORIGINE DE SON NOM :

 A l’époque Gallo-romaine dite domaniale le territoire lyonnais était partagé entre de grands     domaines : (exemple Goiffieu près de Mornant où une magnifique villa romaine à été mise à jour il y a quelques années) ces domaines avaient un territoire d’environ 3000 hectares.

Un certain Savinius fut sans doute le propriétaire du domaine de cette surface-là, correspondant au territoire des communes de l’Arbresle, Sain-Bel et Savigny et  ayant sa villa à l’actuel Savigny. 

Dans le cartulaire rédigé au XI -ème Siècle, ce territoire n’est pas concerné comme acquisition, il semble donc faire partie du domaine initial de l’Abbaye. (Hypothèse évoquée dans le mémoire de doctorat en archéologie de Madame Olivia Puel).

FONDATION DE L’ABBAYE :

Deux dignitaires de l’abbaye, avant la dissolution de celle-ci ont jugé bon d’écrire une tradition orale qu’ils gardaient, à savoir : « Quelques moines anachorètes c’est- à dire qu’ils n’avaient pas de communauté organisée, vivaient près d’une chapelle au lieudit Louhans (près de la zone industrielle actuelle de la Ponchonnière) . Saint Maur (+584) disciple de saint Benoît de Nursie passant par-là, leur demanda de venir fonder une abbaye sur le site de cette ancienne villa romaine.

Ainsi est sans doute née l’Abbaye de Savigny.

EPOQUE CAROLINGIENNE :

 Cette abbaye bénédictine se développa en ce lieu, si bien qu’en 819 elle est citée comme abbaye royale par Louis-le-Pieux dans la « notitia de servitio » (document visible aux archives nationales). L’abbaye ne doit plus alors ni troupe ni impôt au roi, mais seulement des prières.

Ce dernier engagement fut tenu puisque pendant près de mille ans, une messe fut dite chaque jour par les moines, pour le roi dans l’église Sainte Marie.

L’abbaye est donc exemptée de la taille, mais pas le peuple.

Etant donné qu’est aussi instaurée, sans doute par Charlemagne, la captation des dîmes, c’est-à-dire que cette redevance ecclésiastique depuis lors sera perçue par les abbayes et non par les paroisses, (sur les domaines des abbayes), ces dernières ont désormais d’importantes sources de revenus.

L’abbé restitue un petit territoire où le prêtre va collecter sa dîme (portion congrue).

S’ensuit une longue période de prospérité jusqu’à la fin du moyen-âge vers 1500 avec cependant de graves crises.

EN 937 – LES HONGROIS DETRUISENT L’ABBAYE.

La campagne environnante est dévastée l’abbaye pillée, brûlée, la plupart des moines tués. Cependant rapidement un abbé courageux, l’Abbé Badin entreprend la reconstruction de l’abbaye.

Il sait aussi obtenir la protection de L’Archevêque de Lyon et de nombreux privilèges.

Le traité de l’évêque Burchard de 942 est magnifiquement conservé et se trouve aux archives du Rhône.

LES DOTATIONS DE L’AN MIL:

Grâce à l’habileté mais parfois aussi à la sagesse voire la sainteté des abbés de l’époque : Gausmar, Hugues, Durant, Itier, Dalmace, Pons, l’abbaye acquiert d’immenses territoires :    

          -Diocèse de Genève :                         32 paroisses et 4 prieurés

          -Diocèse de Lausanne :                      21 paroisses et 3 prieurés

          -Diocèse de Die :                                   9 paroisses et 2 prieurés

          -Diocèse de Saintes (Charente) :         15 paroisses et 8 prieurés

A cela ajoutons la bonne vingtaine de prieurés et les 87 paroisses situées sur le diocèse de Lyon et diocèses circonvoisins. (Inventaire exposé dans l’article de l’album du crocodile de Pierre-Roger Gaussin en 1955.).

CONSTRUCTION DE CHATEAUX POUR SE DEFENDRE :

Devenue une importante puissance seigneuriale l’abbaye doit se protéger de ses voisins parfois belliqueux : Le comte du Forez, le sire de Beaujeu, L’archevêque de Lyon. Elle s’entoure de châteaux forts :  Montrottier, Sain-Bel, L’Arbresle, Chessy, Courzieu, mont Popey etc.…

La construction du mur d’enceinte de l’abbaye elle-même (540 mètres de long, 9 mètres de haut, 2 mètres de large), n’a à ce jour pas été datée, même approximativement.

Cela n’empêche pas l’incendie et le pillage par les troupes de l’Archevêque des cultures et moissons (1202-1204) à propos d’un différend territorial dans la vallée de l’Azergues ;

Les Tard-venus, après le traité de Brétigny viennent piller l’abbaye et la région en l’an 1357.

L’ABBE A SON ARMEE

Lors du deuxième concile de Lyon en 1274, l’archevêque demande à l’abbé de Savigny d’assurer l’ordre dans la ville, 300 de ses cavaliers assumeront cette tâche.

SOUS FRANCOIS 1ER, INSTAURATION DE LA COMMENDE :

Par le concordat de Bologne en 1516 le pape Léon X accorde au roi  (François Ier)   le pouvoir de donner à une famille le droit héréditaire de fournir un abbé à une abbaye. Pour Savigny, c’est la famille d’Albon qui obtient ce privilège et le fait valoir jusqu’à la dissolution de l’abbaye, sauf à trois reprises où cette dernière n’avait pu proposer un candidat.

Rapidement, les abbés trouvent les exigences de la vie claustrale trop contraignantes. Ils font restaurer le vieux château de Sain-Bel et en font une confortable demeure où ils s’installeront avec leur basoche (huissiers, notaires, juges fiscaux, greffiers, etc.) De là ils gèrent la plupart des prieurés et un territoire proche qu’ils s’étaient réservés, mais ils laissent à une vingtaine de dignitaires et pour chacun d’eux, la gestion d’un territoire.

UNE VINGTAINE DE DIGNITAIRE, DES MOINES SEIGNEURS :

Nommés par l’abbé à titre temporaire, les dignitaires ont le titre de seigneur et tous les pouvoirs (justice comprise) si rapportant. Ils règnent sur un territoire pouvant s’étendre sur plusieurs paroisses, voire posséder un prieuré.

La plupart ont un rôle dans le fonctionnement liturgique et communautaire de l’abbaye sous l’autorité du Grand Prieur.

Une règle édictée par l’archevêque de Lyon régit ce fonctionnement atypique. Un magnifique document rédigé sous Camille de Neuville, archevêque de Lyon est visible aux archives départementales du Rhône.

Tous ces dignitaires ont leur hôtel particulier dans l’enceinte de l’abbaye. La plupart de ces maisons sont encore visibles car seuls les bâtiments religieux ont été détruits à la révolution.

INCURSION DES HUGUENOTS :

 En 1562, les protestants pénètrent dans l’Abbaye, brûlent les documents contenus dans la salle du trésor (traités de théologie, de médecine, etc.), et le bâtiment du communier.

UNE LENTE DEGRADATION DE CE FONCTIONNEMENT MI-RELIGIEUX MI-FEODAL :

Les intérêts divergents entre l’abbé et les moines, le recrutement difficile dans la noblesse de moines donnés à l’abbaye (tous les moines doivent être d’origine noble), font que les quelques moines restants en 1779 demandent leur sécularisation au roi Louis XVI  par l’intermédiaire de l’Archevêque. Cette sécularisation est refusée par le roi qui ordonne la dissolution de l’abbaye en 1779, décision confirmée par une bulle du pape Pie VI en 1780.

Les quelques religieux restants peuvent vivre dans l’abbaye jusqu’à leur mort. Leurs avoirs devaient être répartis entre les trois couvents de religieuses dépendants de l’abbaye : Leigneux (Loire), Alix, L’Argentière (Rhône). Ce qui ne fut que très peu suivi d’effets.

Cette solution ne convient pas aux moines qui intentent des réclamations à l’archevêque ce dernier nomme un médiateur l’évêque de Tournus. Les années passent, la révolution arrive. Tous les biens de l’abbaye sont saisis et vendus par lots comme biens nationaux en 1796. Le dernier moine de Thy, moine jureur, donc favorable à la révolution, siège au conseil municipal et fonde la première école pour les pauvres. Il mort en 1824.

.UN VILLAGE HORS DE L’ABBAYE SEMBLABLE AUX VILLAGES VOISINS

Situé à l’ouest de l’abbaye pour l’essentiel et au sud pour une petite partie, le village n’abrite qu’une partie peut-être 30 ou 50 % de la population savignoise, car l’habitat est disséminé sur une paroisse de plus de 2000 hectares à l’époque de l’abbaye.

En 2019 un début de recherche archéologique menée par Franck Chaléat, docteur en archéologie, lui a permis d’émettre l’hypothèse que la partie ouest du village a pu être entourée d’une fortification peut-être assez légère.

On sait que la paroisse avait 2 églises :  l’église Saint Pierre des vignes déjà en ruine à la révolution et l’église Saint André construite au XIème siècle et démolie en 1892 après la construction de l’église actuelle.

Le village abritait tous les commerces et les corps de métiers artisanaux nécessaires à une vie proche de l’autonomie pour les savignois cela jusqu’à la première guerre mondiale.

 Chers amis, venez découvrir Savigny   avec l’aide des guides de l’association Savigny Patrimoine d’hier et de demain.

Jean-Noël Coquard

Président de l association Savigny Patrimoine d’Hier et de Demain

Patrimoine d'Hier et de Demain