A RETENIR :
Dans sa quête effrénée de documents nécessaire à la réalisation du cartulaire de Savigny, l’historien Auguste Bernard (1811-1868) fait tout pour obtenir les informations le plus rapidement possible. Pour cela, il est aidé de l’archiviste Jean-Prosper Gauthier qui lui envoie des manuscrits de manière illégale.
Durant le XIXe siècle, Auguste Bernard travaille sur l’abbaye de Savigny. Pour obtenir la propriété de la recherche, il va s’épauler de Jean-Prosper Gauthier (1848-1877), un archiviste du département du Rhône. Les deux hommes vont alors entretenir une correspondance épistolaire, entre Lyon et Paris, du 12 janvier 1850 au 18 décembre 1851. Cette communication permet à Auguste Bernard de recevoir des bulletins analytiques de Savigny ainsi que le manuscrit de Benoît Maillard (AD Rhône,1 H6), un grand-prieur de Savigny durant le XVe siècle. En échange, il expédie deux exemplaires de sa “Notice sur l’imprimerie nationale” et une archive d’une charte de 1309.
Cependant, les envois de Jean-Prosper Gauthier ne sont pas sans risques. En effet, afin de gagner du temps, l’archiviste ne réalise aucune copie de ces bulletins et concernant l’expédition du manuscrit, il ne demande pas d’autorisation ministérielle. De ce fait, il exige d’Auguste Bernard une “grande prudence “ (AD Rhône, E 374, fol. 104) car ce qu’il fait n’est pas permis ! L’archiviste craint de perdre des documents lors des échanges mais il a également peur de perdre son emploi. Auguste Bernard protège son collaborateur en affirmant au ministre qu’il est lui-même allé fouiller les archives du département du Rhône. Au fil du temps, une confiance va s’installer entre les deux correspondants et les envois ne seront plus qu’une “ légère inobservation des règles administratives” (AD Rhône, E 374, fol. 13).
Ainsi, pendant les deux années de cette correspondance, plus de trente bulletins analytiques et des dizaines d’autres archives sont envoyées (AD Rhône, E 374, fol. 137 ; voir annexe B 5.9 à B 5.42). Ces documents sont le témoin de la persévérance du travail d’Auguste Bernard, qui même sans être archéologue de formation, met tout en œuvre pour obtenir les documents nécessaires à sa recherche.
Manon Goux, mars 2025
Pour en savoir plus :
Olivia PUEL, (2023). Saint-Martin de Savigny : archéologie d’un monastère lyonnais. [Thèse de doctorat, Université Lumière-Lyon 2], p126-133