La forge : une histoire, un métier une passion.
Au début du siècle, il y avait deux forges à Savigny : une à La Rochette et une au village créée par François Frédière en 1904. Sa première forge était située sur une partie de l’appenti (rue Pierre Bost) où l’on peut encore apercevoir l’emplacement de la cheminée contre le mur, puisqu’à l’époque elle ne fonctionnait qu’avec un soufflet, qui existe encore dans la nouvelle forge : l’électricité n’étant arrivé au village que dans les années 1925 grâce à Etienne Coquard (maire de 1900 à 1935) et plus tard dans les hameaux, grâce à Louis Guibaud (maire de 1935 à 1945).
Les travaux
Le travail consistait au ferrage des bœufs ou des vaches, à la fabrication d’outils, grappins, pioches pour le travail des vignes. Il y eut jusqu’à 40 paires de bœufs sur la commune, les derniers étant ceux de Morfeuillet en 1958. Les chevaux sont arrivés après la deuxième guerre mondiale, il y eut jusqu’à 140 chevaux sur la commune ; avec les communes environnantes 180 à 200 chevaux venaient à Savigny pour être ferrés une à deux fois par an. Les derniers étant ceux de Paul Levrat de Lentilly. Le dimanche matin, ils ferraient même les galoches des écoliers.
La forge était un lieu de travail pénible, mais aussi un lieu de rencontres entre agriculteurs et villageois, un lieu de convivialité où les gens prenaient le temps de discuter.
Les étrais à bœufs et vaches ont été remplacés par un manège pour les chevaux difficles à ferrer.
La journée de travail du maréchal-ferrand
Les journées étaient de 13 à 14 heures, 6 jours sur 7, sans compter parfois le dimanche matin. C’était un travail très dur qui commençait à 5h30 par la fabrication d’une trentaine de fers à cheval à partir d’un lopin de fer rond ou d’une chute de fer. Vers 8h30, la chemise déjà bien mouillée, ils allaient » casser la croûte (soupe, lard, saucisson et un canon de rouge) ».
Ils poursuivaient par le ferrage de 6 à 7 chevaux tous les matins et l’après-midi par la fabrication de serrures, le montage des matériels agricoles (faucheuses, faneuses, râteaux faneurs …), l’installation des premières machines à traire dans les années 1955, alors qu’étaient utilisés les premiers tracteurs.
Apprentis et compagnons
Jean Frédière fut fait prisonnier cinq ans, pendant la guerre de 1939/1945, et c’est Elie Mazagol de St Julien sur Bibost qui est venu comme apprenti chez François Frédière. De 1945 à 1952, date du décès de François Frédière, il y eut plusieurs apprentis et compagnons :
- Lucien guillot de St Laurent.
- Reverdy de Bessenay.
- Armand Lagardette de Ville sur Jarnioux.
- Coq d’Albigny.
- Ninin Chambon d’Ancy.
- Lucien Véricel de Larajasse.
- Joseph Mure de Longessaigne.
- Catherin Robert de Ville sur Jarnioux.
- Joseph Deschamps de Savigny de 1953 à 1963.
Le dernier forgeron de Savigny
Joseph Deschamps s’installa route d’Ancy de 1963 à 1977, date à laquelle il dut arrêter pour raisons de santé. Pour la fête des 1200 ans de l’abbaye, en septembre 2015, il forgea à nouveau comme il l’avait appris 60 ans auparavant.