Pourquoi en 1709, l’archevêque de Lyon autorise à manger de la viande pendant le carême ?
Le carême
Le carême est une période de jeûne durant laquelle on ne faisait qu’un seul repas maigre par jour : interdiction de manger de la viande, du gibier, de la volaille ou des œufs pendant les 40 jours qui séparent le mercredi des cendres de Pâques excepté les dimanches.
Actuellement, les catholiques peuvent ne jeuner que le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, mais autrefois, le rite était rigoureusement suivi. D’ailleurs, en 789, Charlemagne établit une loi qui condamnait à mort tout individu qui ne respectait pas le carême !
Cependant, l’Eglise prévoit des dispenses au Carême pour :
- un malade, un infirme,un vieillard
- les « accouchées »
- les pauvres,les ouvriers au dur labeur
- Et en cas de grande misère et de disette
hiver 1709
L’hiver de 1709 est appelé « grand hiver de 1709 » est un épisode de froid intense dans toute l’Europe qui commença brutalement la nuit de l’Epiphanie ( 6 janvier) pour atteindre des températures de – 25°C à Paris, – 20.5°C à Bordeaux ou encore -17°C à Montpellier. Cette grosse vague de froid a eu des conséquences désastreuses sur les cultures et l’élevage et entraina une famine.
Environ 600 000 personnes moururent en France, que ce soit directement du froid, de la faim ou en raison des épidémies particulièrement meurtrières sur une population sous-alimentés. La mortalité fut aggravée par la situation économique précaire engendrée par les guerres.
Décision de l’Archevêque de Lyon
Le 31 janvier 1709 , les autorités religieuses de Lyon, permettent aux fidèles du diocèse de manger de la viande
« tous les dimanches, lundis, mardis et jeudis de chaque semaine du Caresme prochain, à commencer au premier jeudi qui suit immédiatement le jour des Cendres jusques au dimanche des Rameaux exclusivement »
En 1709, le mercredi des cendres est le 13 février et Pâques est le 31 mars
Témoignages dans les registres paroissiaux
Ainsi en témoigne le curé de Haute-Rivoire qui précise que c’est grâce aux blés produits en Auvergne que la région lyonnaise échappa à la famine .
« En l’année mil sept cent neuf l’on mangea de la viande dans le diocèse pendant le careme (…) sans la province de lauvergne dont on tiroit le blé, lon seroit mort de faim »
La pauvreté devint extrême et les gens commencèrent à mourir de faim.
Dans la paroisse de Lamure :
« L’an que dessus le seizieme febvrier aussi inhumée dans ce cimetiere de lamure par moy soussigne estiennette lafont dubergier age d’environ cinquante ans laquelle est morte de la faim(…) »
L’acte juste après est identique , le prénom de la défunte n’étant pas inscrit : » gouion agée d’environ quarante ans morte de faim »
A Tarare :
Cette année 1709, l’hiver fut si rigoureux que l’on vit ça et là des êtres périr de froid cette calamité s’étendit jusque sur les hommes dans plusieurs lieux ce qui fit dire aux paroissiens les plus habitués que le froid avait atteint de tout près le plus haut degré auquel il peut arriver. J’en pourrais dire autant de la misère puisque dans cette même année toutes les choses nécessaires à la nourriture de l’homme et l’argent qui sert à les acheter devint si rare qu’à peine est-il permis de croire qu’ils l’aient jamais été à ce point et cela à cause des guerres qui depuis plusieurs années desolent de toute part le pays et le réduisent à la dernière extrémité s’il plait à Dieu d’y mettre fin.
Desplossey
Sources : Jean-Claude Delaye , blog geneactinsolites.free.fr , archives municipales