La famille d’Albon du Lyonnais, dont les origines connues remontent au XIIIème siècle, appartient à la noblesse depuis1288 (*en fin). Armes : De sable à une croix d’or et devise : A Cruce Victoria.
Les abbés étaient élus par les moines de l’abbaye et recevaient ensuite la bénédiction, toute symbolique, de l’archevêque de Lyon. L’abbé possédait une autorité patriarcale absolue sur la communauté mais restait lui-même soumis à la règle, et devait consulter les autres membres de la communauté sur les questions importantes.
Pendant près de deux siècles, se sont succédés sur le siège abbatial de Savigny des fils de la famille d’Albon. En effet, du XVème au XVIIème siècle, la transmission du titre d’abbé se fait d’oncle à neveu sans interruption, du moins au XVème siècle.
Guillaume d’Albon (1379-1456), abbé en 1415 : était le troisième fils de Guillaume, seigneur de Saint-Forgeux et de Curis, et d’Alix, fille de Hugues seigneur de Lespinasse et de Saint-André, près de Roanne (** en fin).
Prieur de Montrottier de 1414 à 1428 il fut élu quarante-huitième abbé de Savigny le 22 août 1415 par les moines. Ce prieur est souvent appelé castellanus, car il réside dans le château, point stratégique du système de défense de l’abbaye. Il a sous sa dépendance un très grand nombre de paroisses sur lesquelles il prélève la dîme. Ses revenus sont donc assez considérables.
Selon Benoît Maillard, Guillaume fut « un homme de grande science et de grande vertu, profond canoniste et administrateur prudent ».
Il fit faire des travaux importants au château de Sain-Bel en édifiant la tour de l’horloge et le logis central et y aménagea la maison abbatiale ; c’est là que les visiteurs étaient reçus, et en 1489, Charles VIII y séjourna avant de faire son entrée à Lyon selon Benoît Maillard : « En 1489, le mardi second jour de mars, le jeune roi Charles VIII traversa par cette ville … Après dîner, à la deuxième heure environ, il fit son entrée à Lyon, en grand … de Plessis-les-Tours, passa par l’Arbresle et y séjourna avant d’arriver à Lyon ».
Habiter en dehors de l’abbaye à Sain Bel était déjà un manquement à la Règle bénédictine qui recommandait à l’abbé (le Père) de vivre au milieu de ses moines.
Guillaume mourut le 12 janvier 1456 dans sa résidence à Sain Bel et le lendemain il fut enterré dans la grande église devant l’autel de Saint Etienne.
Jean d’Albon (xxxx-1492), abbé en 1456 :
Il lui succéda en 1456. Il était prieur de Mornant et d’Arnas et administrait l’abbaye du vivant de son oncle âgé et malade. Son élection s’avèra plus difficile que prévu. Les partisans du prieur d’Ambierle s’y opposent et proclament abbé, Antoine de Balsac malgré le choix des moines qui avait élu Jean D’Albon
Son élection fut marquée par la rivalité qui opposait deux branches de la famille puisque le candidat qui se présentait face à Jean était le frère de Rauffet de Balzac lui-même époux de Jeanne d’Albon, l’unique héritière d’Antoine seigneur de Bagnols et de Châtillon d’Azergues.
Ce conflit dure pendant plusieurs années car l’archevêque de Lyon, refuse de les départager et renvoie l’affaire devant le pape qui se prononce en faveur d’Antoine de Balsac.
Jean d’Albon fait appel et se fait rendre justice par un procès devant la cour du Parlement le 28 juin 1460. Il est mis en possession le 7 décembre 1461 après avoir subi les examens d’usage devant le chapitre qui lui est favorable depuis bien longtemps. Selon Benoît Maillard, Jean d’Albon a été un homme pieux et juste qui, pendant la famine de 1480, a distribué de larges aumônes laissant ainsi une mémoire bénie.
Benoît Maillard nous dit qu’il mourut le 31 août 1492 après trente ans et quatre mois de gouvernement : il dit que ce fut un abbé « pieux et juste ».
François d’Albon (1451-1520), abbé en 1493 :
Il était chamarier (***en fin) de Savigny quand son oncle mourut et il fut élu sans difficultés, le 13 novembre 1493. Dès la première année de son installation, ce fut dans un Chapitre général qu’il donna les vingt-cinq statuts, en latin et en français, qui devaient obliger les religieux à revenir à une plus fidèle observance de la Règle. A la lecture de ce document on peut imaginer que les commandements de saint Benoît étaient bien oubliés et qu’une certaine anarchie devait régner dans le monastère. Cette réforme illustre la gestion de François qui voulait éviter l’extinction de l’abbaye.
voir les détails dans l’article : François d’Albon, abbé de Savigny, découverte de son missel…
Mais il ne se préoccupa pas seulement du fonctionnement intérieur de son ordre car il fit construire le clocher de la grande église du monastère.
Nous découvrons en lui un homme énergique, ayant le sens de ses devoirs et de ses responsabilités. Accepté dès son élection, il sut agir pour essayer d’arrêter le déclin de l’abbaye
François d’Albon mourut le 28 mars 1520, après avoir résigné en faveur de son petit neveu Antoine d’Albon.
Antoine d’Albon (1507-1573), abbé en 1520 :
Quand il fut nommé abbé, il n’avait que quatorze ans et il fallut une bulle papale. Il fut également abbé de l’Ile-Barbe et devint archevêque de Lyon. Pour ultime récompense de ses mérites, il obtint le titre de Vice-Roi des provinces du Lyonnais et du Bourbonnais.
C’est Antoine d’Albon qui, en 1547, afferma pour la première fois les revenus et droits seigneuriaux de l’abbaye pour la somme de 2 500 livres (pour quatre ans). Cette pratique, funeste permettait aux abbés de résider loin de l’abbaye et livrait l’institution à la rapacité de bourgeois lyonnais, plus soucieux de rentabiliser un investissement que de l’entretien des bâtiments. Cela amorça, de façon lente mais sûre le déclin de l’abbaye. Comme il n’y avait plus de membre de la famille d’Albon en état d’ « hériter » de la succession d’Antoine à la direction de l’abbaye de Savigny, on nomma un abbé fiduciaire Jean Durant, curé de Saint-Romain de Popey qui occupa le siège de 1574 jusqu’à sa mort en 1581.
Après lui, l’abbatiat fut confié à Claude Roudi, de Saint-Marcel sous Urfé en 1582. Puis il fallut attendre 1607 pour que l’on installât un autre d’Albon à la direction de l’abbaye.
François II d’Albon (xxxx-1645), abbé en 1606 :
Il est le second fils de Bertrand d’Albon, seigneur de Saint-Forgeux, il fut tonsuré à Lyon le 21 septembre 1585 et pourvu de la cure de Savigny le 24 août 1586. On obtint pour lui le 1er juillet 1587 des provisions apostoliques de chanoine comte de Lyon qui n’eurent leur effet que le 7 avril 1595. Il passa à l’université de Paris les deux années suivantes. De retour à Lyon il fut nommé prieur de Montrottier en 1604 (bénéfice résigné en 1607)
Il fut choisi par Henri IV pour le siège d’abbé de Savigny en juin 1606, et confirmé par le pape en 1607.
Claude d’Albon (1624-1691), abbé en 1645 :
Il est le neveu de François, il fut le dernier abbé de l’illustre famille. Chanoine de Lyon en 1645. En 1646 il fut licencié en droit canon de la faculté de Paris et fut élevé à la dignité de chantre le 20 septembre 1647.
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Avec la mort de Claude en 1691 prenait fin le « règne » de la Famille d’Albon à l’abbaye de Savigny qui avait duré presque deux siècles et demi.
La famille d’Albon a envoyé ses enfants dans les plus prestigieux établissements religieux de la région : le chapitre cathédral de Lyon, l’abbaye de Savigny, l’abbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains, l’abbaye de l’Ile-Barbe. Il est incontestable que la famille d’Albon doit une grande partie de son ascension sociale et de sa fortune à l’Église, et plus précisément à l’Église de Lyon.
Etat civil des abbés d’Albon
Guillaume d’ALBON Abbé de Savigny (22 août 1415).
- Né en 1379.
- Décédé le 12 janvier 1456 – Sain-Bel (69210), à l’âge de 77 ans.
- Inhumé le 13 janvier 1456 – devant l’autel St-Etienne de la Grande église – Savigny (69210),
Jean d’ALBON Abbé de Savigny (1456 -7 décembre 1461).
- Décédé le 1er septembre 1492.
- Religieux.
François d’ALBON Abbé de Savigny (1492).
- Né le 21 mai 1451.
- Décédé le 28 mars 1521, à l’âge de 69 ans.
- Moine de Savigny.
Antoine d’ALBON Abbé de Savigny(26 mars 1521).
Archevêque de Lyon (1563-1573), Archevêque d’Arles (1562-1563), Abbé de l’Ile-Barbe, Prieur de Saint-Rambert (1573-1574).
- Né en 1507 – Saint-Forgeux (69490).
- Décédé le 24 septembre 1574 – Prieuré de Saint-Rambert – Saint-Just-Saint-Rambert (42170), à l’âge de 67 ans.
- Inhumé – Saint-Forgeux (69490),
François II d’ALBON Abbé de Savigny (6 juin 1606).
Chanoine de Lyon (1er juillet 1587), Prieur de Montrottier (1604 – 28 août 1607), Prieur de Mornant et d’Arnas (14 novembre 1630).
- Décédé le 4 mars 1645 – Château de Montbloy – Sain-Bel (69210).
- Inhumé – Saint-Forgeux (69490).
Claude d’ALBON Abbé de Savigny (4 mars 1645).
(Claude d’ALBON de SAINT-FORGEUX), Chanoine de Lyon (4 février 1639), Prieur de Noailly (8 juin 1640), Prieur de Salt-en-Donzy (1649), Prieur de Marcilly.
- Né le 12 février 1624 – Saint-Forgeux (69490).
- Baptisé le 28 avril 1624 – Saint-Forgeux (69490).
- Décédé le 25 novembre 1691 – Maison de l’archidiaconé – Cloître Saint-Jean – Lyon, à l’âge de 67 ans.
- Inhumé le 27 novembre 1691 – Primatiale Saint-Jean – Lyon.
(*) La famille d’Albon remonte sa filiation suivie à André d’Albon, simple citoyen en 1265 et qui prit part en 1269 à la lutte des bourgeois contre l’Église. Il s’agrégea à la noblesse à la fin de sa vie par l’acquisition du fief de Curis, près de Lyon, en 1288.
(**) Le contrat de mariage de Guillaume et d’Alix prévoyait que le second fils du couple porterait le nom de Lespinasse et sera seigneur de Saint-André ; ce deuxième fils, Jean, sera l’ancêtre de Jacques d’Albon maréchal de Saint-André que nous retrouverons en compagnie d’Antoine qui deviendra archevêque de Lyon.
(***) Le chamarier (ou chambrier, ou camérier) : était le troisième grand dignitaire de l’abbaye après l’abbé et le grand prieur. Il remplissait l’office de « gardien du trésor », était doté d’une cour de justice composée d’un lieutenant et de plusieurs officiers. Il était chargé de l’entretien des bâtiments du monastère. Il recevait tous les revenus destinés à l’abbaye, gérait et ordonnait les fonds. On lui remettait les dons et il les répartissait. Il était chargé du confort et du bien-être des moines. Le notaire royal de la seigneurie établissait les terriers ou livres de redevance qui faisaient état des biens vassaux dont bénéficiait le seigneur chamarier. Il était prieur de Courzieu et de Marsy sur Anse, et bénéficiait des biens nobles et roturiers qui en dépendaient. Il était seigneur du clocher de Saint-André et du bourg de Savigny, du clocher de Saint-Pierre les Vignes et de tout le territoire compris entre le Trésoncle et la Turdine et du hameau de « Grange chapelle ». Sa résidence jouxtait la tour de l’Horloge. Le retable placé dans l’actuelle église de Saint André est le don d’un chamarier, Jacques de Saint-Martin qui officia à l’abbaye à la fin du XVIème siècle.