Le musée lapidaire, situé sous l’ancien vestibule qui desservait l’église Notre Dame abrite une centaine de sculptures et d’éléments architecturaux classés provenant de l’ancienne abbaye bénédictine Saint-Martin de Savigny. L’abbaye, haut lieu de la chrétienté, prospéra autour de l’an mil. Elle possédait de nombreuses propriétés, non seulement dans le département, mais aussi dans les diocèses de Mâcon, Genève, Lausanne, Saintes et Die. Sa richesse attirant les convoitises, elle se protégea en faisant édifier des châteaux dans les communes alentours. Après avoir joué un rôle majeur dans l’histoire médiévale de la région, l’abbaye décline à partir du XV ème siècle, pour être finalement supprimée en 1779. A la Révolution, presque tous les bâtiments monastiques sont détruits. Les lieux de culte et les bâtiments monastiques ont été pillés, puis achetés par des particuliers qui les ont utilisés pour installer leurs habitations contemporaines ou détruits pour vendre leurs matériaux de construction.
Certains vestiges de l’abbaye subsistent : Tour de l’Horloge du XII ème siècle, maisons Renaissance, collection de pierres sculptées conservées au Musée Lapidaire.
Les origines du musée lapidaire
Jean Pierre COQUARD, le père d’Antoine, commença à rassembler des pierres sculptées provenant de l’Abbaye. Il les plaça au Doyenné dans un premier temps, puis au « Chalet MONTANGE », du nom de son gendre « Hyppolite » notaire à Neuville-sur-Saône. Jean Baptiste son fils aîné « continua sa quête des vestiges ». Antoine, son deuxième fils, poursuivit la collection et reçut en 1892 la médaille de bronze de la Société Française d’Archéologie. A la mort d’Antoine, survenue en 1893, sa sœur Marie hérita de cette collection, qu’elle légua, après la mort d’Hyppolite MONTANGE, à l’Archevêché de Lyon avant de se retirer chez les sœurs de la Visitation à Paray-le-Monial, où elle mourut en 1939. La collection fut par la suite vendue au département du Rhône, puis à l’Union Nationale des Maisons Familiales d’Apprentissage Rural.
La collection fut classée à l’Inventaire des Monuments Historiques par arrêté du 21 juillet 1959 et en 2019*
*190708 article classement monuments historiques
En 1975 à l’initiative d’Aline JUBIN, passionnée par l’histoire de Savigny et de son Abbaye, une association des Amis de l’Abbaye décide la création d’un musée qui vit le jour en 1982 dans la cave voûtée d’un ancien cuvier restauré, mis à la disposition de la commune par la famille CATELAND. Après les Amis du Musée et depuis 2003, l’association Savigny patrimoine d’hier et de demain assure la gestion et l’organisation des visites de ce musée, aux termes d’une convention signée avec la municipalité de Savigny.
La collection
L’élément le plus spectaculaire du musée est un grand linteau représentant » la Cène » (XII ème siècle) et devait probablement se situer au portail d’entrée de la grande église abbatiale Saint-Martin. Il est entouré de fragments de corniches et de frises, de chapiteaux, de culots, de modillons, sculptés entre le XII ème et le XV ème siècle sur différents types de pierres (calcaire jaune de Glay, pierre blanche de Lucenay, grès rouge local).
Les colonnes du cloître datent de la première moitié du XII ème siècle et sont en arkose rougeâtre.
Le piédroit d’apôtre ou d’abbé a du appartenir à un pilier du cloître.
- 1 – Il y a de nombreux petits chapiteaux des XII ème et XIII ème siècle dont celui de l’Annonciation sur lequel la vierge Marie est surprise par l’annonce de l’archange Gabriel, figuré ici avec des ailes.
- 2 – Le baptême du Christ de la fin du XIII ème siècle, en pierre jaune de Glay. Jean Baptiste (sans tête), dernier prophète de l’ancien testament, verse de l’eau sur la tête du Christ qui a les pieds dans le Jourdain. Un ange porte ses vêtements. Matthieu ¾-16 ou Marc 1/6-11.
- 3 – La plaque funéraire de l’Abbé MILON décédé en 1082. Cette plaque a été remise au musée en 2007 par la société d’histoire des Monts de Tarare. En effet l’Abbé MILON était prieur à Tarare avant son élection à l’Abbaye de Savigny.
- 4 – Le chapiteau de pilier d’angle « Rex Salomon » du XII ème siècle, en calcaire blanc d’influence Viennoise. Salomon est représenté avec ses attributs de roi. Sur le coté un serviteur porte un glaive … allusion au jugement entre deux femmes, rendu par Salomon ? Bible I Rois 3/13-27.
- 5 – Une statue de l’archange St Michel du XV ème siècle, en pierre jaune de Glay. Il terrasse un dragon qui s’accroche à son bouclier sur lequel est représentée la balance qui pèse les âmes.
- 11 – Le chapiteau de la tentation du Christ qui provient de la grande église St Martin (XII ème siècle), en calcaire blanc, d’influence Bourguignonne (Cluny). Le Christ, assis dans une mandorle, repousse fermement de son bras droit un animal portant des écailles. Cette sculpture très représentative du style Clunisien au XII ème siècle, fut exposée à Cluny lors de la célébration (en 2010) du 1100 ème anniversaire de la fondation de cette abbaye. Matthieu 4/1-11.
- 12 – Nombreuses clefs de voûtes des XIII et XIV èmes siècles, en pierre jaune de Glay, en particulier un agneau pascal (dit de Cluny) et un médaillon, fleur de lys, du XIV ème siècle.
- 13 – Fenestrage gothique du XIV ème siècle, en calcaire blanc, surmonté d’un trèfle à quatre feuilles dans un arc brisé. Feuillage et têtes féminines rappellent ceux que vous avez pu voir sur la porte Guillaume d’Albon en sortant de l’église.
- 14 – Trois écoinçons représentent des animaux, des chimères (lion et cheval) et des feuillages. Ce sont les écoinçons du jubé qui séparaient le chœur de la nef dans la grande église.
- 15 – Culots du XII ème siècle, petits chapiteaux utilisés en support de voûte.
- 16 – Base cubique aux armes de France, surmontée d’une couronne (XVème siècle). Ne pas oublier que l’Abbaye Saint-Martin était royale.
- 20 – Une pierre tombale cassée et gravée (magister Johannes) en pierre blanche.
- 21 – Le linteau de la Cène et du lavement des pieds, de la fin du XII ème siècle, en grès rose-violine, provenant d’un atelier lyonnais mais avec l’influence de Cluny pour les attitudes. C’est le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres, celui-ci au centre, est reconnaissable par son auréole. Sur la table il y a les signes de l’eucharistie : le pain et le vin. Au centre le Christ partage le pain et le vin et annonce la trahison de Judas, Luc 22/49-51. A l’extrémité droite de la table deux apôtres se préparent pour le lavement des pieds. A l’extrémité gauche de la table le Christ lave les pieds de Pierre. Jean 13/4-11
- A Entrelacs de chancel, du jubé et morceaux de frises, disséminés dans tout le musée. Voir les entrelacs carolingiens des IX ème et X ème siècles avec des grappes de raisin.
- B Un piédroit, fragment de pilier du XIIème siècle portant l’influence du Brionnais. On ne sait s’il s’agit d’un abbé ou d’ un apôtre ? Le drapé est antique.
- C Petits chapiteaux des XII ème et XIII ème siècles tels que celui de David et Samuel d’influence bourguignonne (Vézelay). David joue de la cithare….. Samuel est assis …. et entre les deux, des moutons et des béliers. Bible I Samuel 16/1-14.
- D – Chapiteau d’Adam et Eve au paradis terrestre, provient d’un atelier lyonnais. On observe dans la main d’Adam la pomme remise par Eve. Bible Genèse 3/
- E – (vers le milieu) Fragment de chancel » la Résurrection » représentant un soldat endormi gardant le tombeau du Christ. Cette image symbolise bien le texte disant » les soldats n’ont rien vu ! ‘‘
- F – (à l’entrée) Vraisemblablement Saint Jean, tête finement sculptée aux cheveux longs, vêtement drapé avec des frises décoratives : il tient à la main un parchemin avec l’inscription « Joh »
- G – (à l’entrée) Vraisemblablement La Vierge,sans tête, vêtement drapé avec élégance avec frises décoratives.